LES « DISPARUS » DU PALAIS DE JUSTICE FONT LEUR APPARITION
La Fiscalía a toujours su qu’elle était en possession des disparus du palais de justice, mais elle a caché tout cela pour pouvoir condamner celui qui avait tant combattu la mafia
LES « DISPARUS » DU PALAIS DE JUSTICE FONT LEUR APPARITION
Par Ricardo Puentes Melo (Traduit par EM y SW)
Dès le départ nous avons eu tort. On a toujours pensé que l’exhumation des victimes et des assaillants morts du Palais de Justice, acte organisé par le Fiscal général Alfonso Gomez Méndez, était destiné à identifier les restes des supposés disparus dont les familles continuent aujourd’hui à souffrir du fait qu’ils ignorent où se trouvent leurs dépouilles.
Pourtant, cela n’a jamais été le but de Gómez Méndez. Son but a été de rendre service aux guérilleros amnistiés du M-19, surtout ceux qui occupaient d’importantes fonctions dans le secteur public, au mépris de la douleur des familles des victimes.
Dans un entretien avec le site web colombien Journalistes sans Frontières et avec l’Heure de la Vérité, l’émission radio dirigée par Fernando Londoño Hoyos, l’anthropologue José Vicente Rodríguez Cuenca a déclaré qu’en 2000, le Fiscal général Alfonso Gómez Méndez avait exhumé 91 corps et lui avait remis 64 restes de corps et qu’il lui avait ordonné d’identifier les corps des guérilleros tués dans le sanglant assaut du Palais de Justice. Rodriguez a ajouté que la Fiscalía avait conservé les autres 27 corps qui correspondaient aux «disparus» du Palais de Justice. Ces 27 corps sont toujours cachés quelque part dans les bureaux de la CTI de la Fiscalía sans que celle-ci ait l’intention de les identifier.
C’est incroyable, mais c’est ça qui s’est passé: Jose Vicente Rodriguez a réceptionné 64 dépouilles parmi lesquelles se trouvent celles des guérilleros du M-19 morts au Palais de Justice et il a reçu l’ordre de se charger du travail «humanitaire» de les identifier. D’autre part, le Fiscal a caché 27 autres squelettes en sachant que parmi eux se trouvaient les onze supposés disparus à cause desquels le Colonel Plazas Vega a été condamné à 30 ans de prison, c’est à dire, à la prison à vie.
Comment la Fiscalía savait-elle que ces 27 cadavres étaient ceux des disparus du Palais de Justice?
Tout simplement parce que c’était les restes retrouvés incinérés, et appartenant à ceux qui sont morts au quatrième étage du palais de justice. Ils ont été calcinés et comme à cette époque il n’y avait aucune technologie pour en identifier l’ADN avant de les remettre à leurs familles, ils ont été mis dans des sacs spéciaux et explicitement marqués comme « NN Palais de Justice ». Puis, ils ont creusé une tombe dans le cimetière du sud de Bogota et ils y sont déposés les sacs. Parmi ces 27 restes se trouvent les sept employés de la cafétéria et les trois visiteurs qui ont «disparu» dans le Palais de Justice. Bien sûr, parmi eux il y a aussi les restes de certains des combattants du M-19, comme Cristina Cortés Guarin, qui a toujours été montrée comme une des employées de la cafétéria.
Par la suite, cette tombe a été rouverte pour y déposer les restes d’autres personnes qui n’avaient pas été réclamées. Ce qui signifie que ces 27 restes carbonisés, stockés dans des sacs et spécialement étiquetés, ont été déposés dans le premier niveau du caveau, au fond de la fosse. Les vêtements des autres corps enterrés avaient été retirés (la Fiscalía les conserve en sa possession). Ces manipulations ont pris des mois pour être réalisées. Dans ce même caveau Ils ont enterré aussi des fragments de cadavres provenant de la tragédie d’Armero.
« La Fiscalía a toujours su qu’elle avait les restes des présumés disparus», explique l’anthropologue José Vicente Rodríguez Cuenca.
Après que les restes venant d’Armero furent déposés, la tombe a été scellée de façon définitive pour prévenir la propagation de la redoutable maladie dénommée « gangrène gazeuse », détectée dans les corps provenant d’Armero. Et elle est restée comme cela pendant plus de 10 ans.
Dix ans au cours desquels le colonel Plazas a subi la vengeance du M-19 grâce aux intrigues du Parti libéral, des FARC et du Parti communiste colombien.
Quelques jours après la violente prise du Palais de Justice, précisément le 12 novembre 1985, le président de la Chambre des représentants et directeur suppléant du Parti Libéral de l’époque, a organisé un débat au Congrès colombien pour y accuser le gouvernement de Belisario Betancur pour la façon dont il avait récupéré le Palais de Justice et pour ne pas avoir dialogué avec le commando du M-19.
Presque un an après, Carlos Hernán Motta, sénateur du Parti communiste, dénonçait auprès de la Commission d’accusations de la Chambre des représentants le gouvernement de Betancur pour la même raison: ne pas avoir eu un dialogue avec le M-19. Il était accompagné de trois obscurs personnages. L’un d’eux a été jugé pour tentative d’assassinat sur la personne du conseiller municipal de Sogamoso, Jorge Avella.
Très rapidement, en 1987, César Gaviria Trujillo, à l’époque ministre de l’Intérieur du président Virgilio Barco, annonce la démobilisation du M-19.
En 1989, le prêtre jésuite Javier Giraldo dépose auprès de la Procuraduria général une plainte contre le colonel Plazas basée sur les propos d’un détenu, un certain Ricardo Gámez Mazuera. Plus tard, il sera prouvé que celui-ci était un faux témoin. Il avait affirmé avoir été présent au moment de la récupération du Palais de Justice par l’armée, car il appartenait, selon lui, à un organisme d’État à la date des faits. Ce qui était totalement faux.
Gámez est un menteur et ceci a été vérifié par la Procuraduria général. Nonobstant, ce faux témoin va aider le prêtre Giraldo et ses ONG à accuser formellement les militaires qui avaient participé à la libération du Palais de Justice, y compris le colonel Plazas et le général Jesús Armando Arias Cabrales. Ils diront que l’armée avait tué et fait « disparaitre » plusieurs personnes. Le prêtre publie son accusation dans l’hebdomadaire Voz, organe du Parti communiste et des FARC.
En 1990, César Gaviria remporte l’élection présidentielle et ordonne le limogeage des généraux Arias Cabrales et Nelson Mejía Henao. Il fait cela par ordre du commandant du M-19, Antonio Navarro Wolf, qui avait exigé cela comme une condition pour poursuivre le processus de démobilisation. Cette concession faite à la guérilla avait commencé à être mise en forme par le ténébreux Alfonso Gomez Mendez, directeur à l’époque du Parti libéral, et ami proche d’Ernesto Samper, de la famille Santos et de César Gaviria. Déjà à cette époque, Gómez Méndez était sérieusement questionné pour ses liens avec la mafia narco-guérillera. En tant que Fiscal général en 1990, Gómez Méndez, avec des liens étroits avec la guérilla colombienne, avait usé de son pouvoir pour engager des poursuites à l’encontre des personnes qui avaient vaincu ses amis guérilleros.
En 1990, selon le procureur délégué, Manuel Salvador Betancourt, son patron, le procureur Alfonso Gómez Méndez (il a été Procureur Général de 1989 a 1990) avait fait pression sur lui pour soulever des accusations et pour demander des sanctions à l’encontre du général Jesús Armando Arias Cabrales et du colonel Alfonso Plazas Vega, entre autres, pour les faits du Palais de Justice. Manuel Salvador Betancur dit que Gomez Mendez lui avait donné cet ordre :
«Le Général Arias Cabrales, et les militaires qui étaient en charge de l’opération du Palais de justice, il faut les punir (…) nous ne pouvons pardonner les morts des illustres magistrats, comme celle de mon maître, ami et mécène, Alfonso Reyes Echandía, qui avait tellement lutté contre le crime ».
Le procureur délégué Betancourt répond à son patron qu’il avait très bien étudié le volumineux dossier du palais de justice et qu’à son avis il n’y avait pas matière à sanctions contre le général Arias (ni contre le colonel Plazas, évidemment). Le corrompu Gómez Méndez lui rétorque:
«Dresse des charges contre lui (…) si après ça il faut l’acquitter, on l’acquitte (…) mais il faut créer un précédent… »
Comme le procureur délégué avait tenté de lui faire entendre raison, Gómez Méndez l’a limogé quelques jours plus tard.
Manuel Salvador Betancourt a alors transmis cette information au sénateur Alejandro González -assassiné plus tard par les FARC-, et au sénateur conservateur Hugo Escobar Sierra, qui sera jeté en prison par Gomez Mendez, et à Armando Barona Meza, également violemment attaqué par Gomez Mendez. Mais rien ne s’est passé.
En revanche, l’accusation fomentée par Alfonso Gómez Méndez a effectivement eu lieu, mais même la Procuraduria, par décision du Procureur délégué pour les forces armées, a refusé d’ouvrir un acte d’accusation contre le colonel Plazas Vega. Cela se passait en mai 1990.
La même année, le guérillero Antonio Navarro Wolf fut nommé ministre de la Santé par le président César Gaviria qui ne se souciait pas de ce que ce Navarro, idéologue responsable de la tuerie du Palace de Justice, ait été l’objet d’un acte d’accusation du juge 31 d’instruction criminelle.
Puis, César Gaviria continue avec le plan. Il appelle à l’élection d’une Assemblée nationale constituante et invente une «circonscription spéciale pour la paix » pour permettre à la guérilla du M-19 de participer à cette élection. En d’autres termes, la «circonscription spéciale pour la paix » permettra à la guérilla d’être élue avec un très petit nombre de votes. Ainsi, avec un nombre ridicule de votes, l’Assemblée nationale constituante de 1991 se retrouvera essentiellement sous l’influence des guérilleros du M-19. Antonio Navarro Wolf, l’un des cerveaux de l’attaque criminelle contre le Palais de Justice, est de la partie. Plus tard, au ministère de la Santé, Navarro Wolf sera remplacé par un autre guérillero du M-19, Camilo Gonzalez Posso. Ensuite, ce poste est occupé par Carlos Vicente de Roux, également du M-19, et frère du père jésuite Francisco de Roux, l’ennemi juré du président Alvaro Uribe. Carlos Vicente de Roux est à présent conseiller municipal de Bogota et un acolyte de Gustavo Petro dans la prochaine élection pour la mairie de Bogotá.
En janvier 1992, le colonel Plazas n’eut pas d’autre possibilité que de demander sa retraite volontaire du service actif des Forces armées. Il savait que pendant le gouvernement de César Gaviria il ne pourrait aspirer à devenir général. Cette même année, César Gaviria fait des demandes pressantes au Congrès pour qu’il accorde l’amnistie et le pardon au M-19, car des juges indépendants et honnêtes allaient condamner ces terroristes, parmi lesquels se trouvent les frères Navarro Wolf, Gustavo Petro, Otty Patiño, Grabe Vera, Ever Bustamante et autres.
En 1994, ces activistes débutent une campagne de propagande qui sera reliée par les média. Ils publient un livre intitulé Le terrorisme d’État en Colombie, imprimé dans les ateliers où est traitée la propagande des FARC.
En 1995, après la fin du mandat présidentiel de César Gaviria, le colonel Plazas Vega est pressenti pour diriger un nouveau poste au gouvernement, mais les ONG dirigées par les socialo-communistes (le Parti libéral est membre de l’internationale socialiste), s’y opposent.
Ensuite, le président Ernesto Samper Pizano, élu avec l’argent de la mafia, prend le pouvoir. Alfonso Gomez Mendez entre de nouveau en scène. Il est nommé Fiscal général. Gomez Mendez est le personnage qui a été derrière toutes ces intrigues contre les militaires du palais de justice. Il aidait discrètement les intérêts de la mafia narco-guérillera qui avait aidé à faire élire Ernesto Samper. A présent, Gómez veut se venger de tous les militaires qui avaient maté le M-19 dans le Palais de Justice.
À cette date, le colonel Plazas dépose plainte pour diffamation contre le prêtre Giraldo, contre Enrique Rodriguez, le père du prétendu « disparu » et gérant de la cafétéria du Palais de Justice, et contre les auteurs et éditeurs du livre Le terrorisme d’État en Colombie. La Fiscalía, sous le contrôle d’Alfonso Gomez Mendez, classe ce dossier pour favoriser ces délinquants, amis de la guérilla.
Déterminé à accomplir sa mission de mettre en prison les militaires qui avaient évité au pays de tomber entre les mains de la dictature communiste, Alfonso Gomez Mendez ordonne de rouvrir, en 1998, la fosse où la Fiscalía avait enterré les cadavres du Palais de Justice. Il nomme une équipe pour procéder à l’exhumation.
Les membres de cette équipe sont Carlos Eduardo Valdés Moreno, chef de la Division des enquêtes criminelles de la Fiscalía et chirurgien de l’Université nationale de Bogota, spécialisé en anthropologie dans la même université, sous la direction de l’anthropologue José Vicente Rodríguez Cuenca. Aujourd’hui, Valdés Moreno coordonne l’unité d’enquêtes spéciales de la Procuraduría général. Ce médecin excelle aussi en tant que persécuteur des militaires, ainsi qu’il l’a démontré dans plusieurs affaires, comme dans le cas des « faux positifs de Soacha».
Les autres membres de l’équipe sont l’anthropologue María Inès Barreto, diplômée de l’Université nationale et aussi élève du professeur José Vicente Rodríguez Cuenca. Cette anthropologue aurait épousé son collègue péruvien anthropologue légiste Carlos Bacigalupo Salinas, désigné par la « Commission de la Vérité » de la Cour Suprême de Justice de Colombie pour étudier les dépouilles dans le cas des «disparus» du Palais de Justice. Nous doutons que le docteur Bacigalupo ait fait son travail correctement car il n’a pas fait autre chose que s’entretenir avec José Vicente Rodríguez. Au moment d’écrire ces lignes, ni Maria Inès Barreto, ni son mari, avaient accepté de répondre au questionnaire que nous leur avions envoyé pour connaître leur avis sur cet affaire. Ils ont promis de répondre « en temps voulu ». Nous attendons encore.
James Troy Valencia fait également partie de l’équipe de Gómez Méndez. Troy Valencia est un biologiste de l’Université Javeriana de Bogota, avec une maîtrise en génétique humaine. Il a été nommé pour remplacer Carlos Eduardo Valdés.
Le quatrième et dernier membre de l’équipe désignée pour faire l’exhumation est Piedad Malaver Calderón, dentiste qui au moment de la conformation de l’équipe faisait une maîtrise à l’université Javeriana, après avoir terminé ses études de dentisterie en 1989. Elle travaille à la Fiscalía depuis 1996. Nous ne savons pas pourquoi elle a été nommée car ses connaissances en sciences médico-légales sont inexistantes.
Cette équipe exhume alors les cadavres, ainsi que quelques fragments et des restes des victimes de la tragédie d’Armero. Parmi ces restes exhumés il y a les 27 corps dont les sacs furent marqués car ils y contenaient les fameux 11 « disparus » du Palais de Justice.
Dans son interview, le Professeur José Rodríguez Vicente affirme de façon très claire que l’intention de la Fiscalía général n’était en aucune façon, de contribuer à l’identification des personnes disparues, mais, selon la preuve documentaire qu’il a, d’identifier les guérilleros tués et de rendre leurs dépouilles à leurs familles.
Certaines des dépouilles des guérilleros inhumés avaient déjà été pleinement identifiées, mais, comme personne ne les avait demandés, elles avaient été enterrées dans cette tombe. Cependant, à présent, avec des membres du M-19 au pouvoir, il n’y avait aucune raison de cacher la honte d’être des terroristes et des assassins financés par le narcotrafic. Grâce à la campagne médiatique payée avec des millions de dollars, être délinquant du M-19 deviendra, du jour au lendemain, un signe de prestige, un exemple que beaucoup de jeunes voudraient et veulent suivre.
Ainsi, avec l’intention d’identifier seulement les restes des guérilleros, la Fiscalía livre à José Vicente Rodríguez les 64 cadavres et garde les 27 autres avec la certitude que parmi ces dépouilles se trouvent les disparus du Palais de Justice. Ensuite elle cache ces 27 dépouilles on ne sait où.
«Mon travail [était] uniquement sur les 64 squelettes (appartenant à des guérilleros et à d’autres NN), et non pas sur la totalité des corps exhumés qui étaient au nombre de 91 », déclare le professeur José Vicente Rodríguez.
Pour cette raison, en sachant que dans le laboratoire d’Anthropologie physique de l’université Nationale reposaient les restes des guérilleros, René Guarin Cortes, qui à l’époque se faisait passer pour un défenseur des droits de l’homme, exige la restitution du cadavre de sa sœur, Cristina Cortes Guarin. Pour la même raison, l’ancienne guérillera Vera Grabe visitait fréquemment à l’époque ce laboratoire d’anthropologie.
Les sources que nous avons consulté disent avoir été des témoins de la féroce attaque de René Guarín contre le professeur José Rodríguez Vicente qu’il accusait de cacher le cadavre de sa sœur, Cristina Guarin. De la même manière, nous avons confirmé qu’en 1985, René Guarin et sa sœur, Cristina Guarín, étaient des guérilleros actifs du M-19. La rage de René Guarin avec ses camarades, c’est qu’il n’avait pas reçu jamais d’eux l’information de la date à laquelle ils allaient s’en prendre au Palais de Justice. Apparemment, sa sœur Cristina lui avait caché ce fait parce qu’elle avait reçu l’ordre du M-19 de s’infiltrer dans le palais comme une simple employée de la cafétéria. La question qui reste est de savoir qui fut le responsable de l’embauche de la guérillera Cristina Guarín lui permettant de passer pour une simple caissière de la cafétéria du Palais (en fait, elle était une avocate). Un jour, nous allons découvrir cela, il n’y a aucun doute là-dessus.
En 2002, après avoir remporté la présidence, M. Alvaro Uribe Vélez nomme ministre de l’Intérieur et de la justice le Dr. Fernando Londoño Hoyos. À son tour, Londoño nomme le colonel Plazas directeur de la Direction nationale de lutte contre les stupéfiants (DNE).
A la DNE, Plazas Vega poursuit sa lutte contre la mafia. Ses exploits sont sans précédent. Il déclare l’extinction du domaine des biens de Pablo Escobar, parrain du M-19, d’Ivan Urdinola, Leonidas Vargas, Rodriguez Gacha, d’alias « Rasguno », d’alias « Martelo », de Jésus Amado Sarria et d’Elizabeth Montoya de Sarria, des amis d’Ernesto Samper, de Wilmer Varela, de « Don Efra », de « Don Diego », des frères Mejía Múnera, de Helmer Herrera, de Victor Patino Fómeque, et de Nelson Urrego, entre autres. Il s’agit de la plus grande saisie de biens jamais faite aux trafiquants de drogue.
Bien sûr, la mafia ne pouvait pas rester les bras croisés, et parvient en 2004 à faire destituer et à inhabiliter le ministre Fernando Londoño. Le colonel Plazas est également destitué.
La personne qui va remplacer Fernando Londoño est Sabas Pretelt de la Vega, un monsieur qui avait fait des affaires avec les frères Rodriguez Orejuela. Il nomme ministre adjoint de son ministère Mario Iguarán qui reste un peu plus d’un an dans ce poste, car il sera élu Fiscal Général en août 2005. Sa nomination a été contestée et plusieurs témoins affirment que ce poste avait été « acheté » par les trafiquants de drogue.
En 2005, les idéologues de la tuerie du Palais de Justice, Antonio Navarro Wolf et Gustavo Petro Urrego, l’un sénateur et l’autre représentant à la Chambre, envoient des lettres au ministre Sabas Pretelt de la Vega pour lui demander de donner l’ordre à l’Université nationale de rendre à leurs familles les restes des guérilleros identifiés. Le professeur Rodriguez reçut l’ordre et obtempéra.
Presque au même moment, le journaliste Yamid Amat annonce dans son journal télé CM& qu’un « nouveau témoin » dans l’affaire du Palais de justice vient de faire surface et qu’il accuse Plazas Vega d’avoir commis d’« horribles actes de torture et de disparitions ». Mais Yamid Amat occulte à dessein un fait : que le soit disant « nouveau témoin », n’était autre que Ricardo Gámez Mazuera, qui avait été confondu quinze ans plus tôt, en 1990. La justice avait constaté, en effet, la fausseté de son témoignage. René Guarin Cortes, le terroriste guérillero, kidnappeur et cambrioleur de banques, réussira à faire fuir de Colombie Ricardo, avec l’aide du Collectif d’avocats de Bogota. Gamez Mazuera s’installe en Europe pour poursuivre sa campagne de diffamation. Les deux délinquants, Ricardo Gámez Mazuera et René Guarin Cortes, deviennent alors de grands amis.
Mario Iguarán, élu fiscal général, avec l’argent de la mafia, selon certains témoins, rouvre le cas du palais de justice et remet le dossier à la fiscal 4 déléguée devant la CSJ, Angela Maria Buitrago. Elle convoque le colonel Plazas à témoigner en janvier 2006.
En décembre, la fiscal investit le laboratoire d’anthropologie physique de l’Université nationale, et saisit toute la documentation existante sur l’affaire. Les squelettes sont transférés à la Fiscalía début 2007. José Vicente Rodríguez rappelle à la fiscal que les restes des 27 signalés comme disparus du Palais de Justice sont dans les installations de la Fiscalía.
Tout semble indiquer que la Fiscal Angela Maria Buitrago, déjà avec l’ordre explicite d’obtenir la condamnation de Plazas Vega, a voulu cacher toutes les preuves susceptibles de démontrer l’innocence du colonel. Elle savait qu’elle avait en sa possession les disparus du Palais de Justice. Elle savait également qu’à l’Université nationale il y avait uniquement les restes de certains guérilleros et des NN d’Armero. Il s’agissait en fait, d’un stratagème astucieux pour tromper l’opinion publique en faisant croire que tous les restes avaient été transférés au laboratoire d’anthropologie et que là-bas on n’avait pas trouvé les disparus. Évidemment ! Les disparus ne pouvaient pas être dans l’université nationale parce qu’ils n’y ont jamais été. Ils étaient depuis le début à la Fiscalía.
Dès lors, tout étant désormais sous contrôle, la même fiscal déléguée inculpe le colonel Plazas Vega et le convoque pour l’interroger en février 2007. Il convient de noter que tout au long du procès, la fiscal est constamment accompagné par René Guarin Cortes qui à l’époque s’efforçait de paraître comme un courageux défenseur des droits de l’homme qui avait perdu sa petite sœur dans les faits du Palais de justice.
Un mois plus tard, en avril 2007, le magazine Semana parle d’un nouveau témoin des événements du Palais de Justice. Mais, encore une fois, ce « nouveau témoin » n’est autre que Gamez Mazuera, dont le témoignage avait été prouvé comme un faux avéré depuis des années. Plazas porte plainte au pénal contre la revue, mais Humberto de la Calle Lombana, ancien ministre de César Gaviria et coordinateur de l’Assemblée nationale constituante de 1991, contrôlée par le M-19, use de toute son influence pour protéger la revue Semana et lui permettre de continuer la campagne de diffamation.
Et voici que l’épreuve du colonel Plazas s’aggrave : en juillet 2007 il est mis en prison. Depuis lors, il n’a pas été relâché une seule fois.
Le 1er août 2007, après avoir mis le colonel en prison, la fiscal Angela Maria Buitrago, accompagnée par son fiscal adjoint et un délégué du ministère public, se présente à l’Ecole de Cavalerie de Bogota avec l’intention d’y retrouver les corps des supposés disparus du Palais de justice. La fiscal, à vrai dire, ne cherchait pas les disparus parce qu’elle savait très bien que leurs cadavres étaient dans les locaux de la Fiscalía. L’inspection de l’Ecole de Cavalerie ne sera, donc, qu’un épisode de la grande farce. Tout ce qu’elle trouve sera des squelettes de chevaux.
Mais le véritable objectif de cette inspection était autre : pendant qu’elle se trouve dans les écuries, fait irruption un personnage que la fiscal présentera plus tard comme le « témoin-vedette » du procès : un certain Edgar Villamil (ou Villamizar, ou Villarreal, personne ne sait son vrai nom, car il est évidemment un faux témoin surgi de nulle part). Il remplit rapidement quelques feuilles avec des mensonges et disparaît. Personne ne le verra plus. Il ne s’est jamais présenté au tribunal et l’avocat de la défense n’a pas eu la possibilité de lui faire un contre-interrogatoire. Le délégué du ministère public ne s’est pas inquiété. Personne n’a eu l’idée d’alerter l’avocat du colonel Plazas. L’ensemble du procès a été, donc, irrégulier, pour ne pas dire illégal. Le témoignage de ce « témoin » est manifestement faux. Le plus grave c’est que sur la base de ce témoignage la juge Maria Stella Jara a condamné le colonel Plazas à trente ans de prison, en juin 2010 (Voir: https://www.periodismosinfronteras.org/el-testigo-estrella-contra-plazas-vega-un-chiste.html).
Depuis qu’il a été mis en prison, le colonel Plazas a subi les pires vexations. On l’a humilié, battu. Il a reçu des crachats. Il est devenu l’objet de moquerie de la part de certains médias qui vendent leur espaces publicitaires grâce au le malheur d’autrui et qui font passer des ignominies pour des faits avérés et qui reçoivent des contrats de pub avec des organismes de l’Etat en paiement de leurs infamies.
En sachant qu’à tout moment Plazas pourrait prouver son innocence, et découvrir que les corps des disparus ont été cachés dans la Fiscalía, la juge a commis une nouvelle illégalité : elle a ordonné le transfert du colonel à la prison de La Picota de Bogota, une prison de condamnés. Après l’avoir immobilisé dans son lit à l’hôpital militaire, des agents de l’Inpec (la police des prisons) lui font une injection de force. Thania Vega, l’épouse du colonel, qui était présente cette nuit là, fut malmenée et insultée avant que le colonel soit enlevé de force.
En prison, il y avait des gens qui savaient que le colonel Plazas ne méritait pas d’être là et qu’il était innocent. Alors, ils l’ont protégé en l’avertissant toutefois que cette protection ne pourrait pas durer éternellement car ses ennemis, qui voulaient toujours l’assassiner, étaient trop puissants.
Comme le Colonel était malade il fut transféré de nouveau à l’hôpital militaire. Immédiatement, René Guarin Cortés se rend à Radio Caracol et au journal El Espectador pour crier que le colonel Plazas n’était pas malade et qu’il devait rester à La Picota. Mario Iguarán ayant quitté en août 2009 la direction de la Fiscalía général, celle-là était sous la direction du fiscal adjoint, Guillermo Mendoza Diago. La Cour suprême de Justice quant à elle refusait de choisir le nouveau Fiscal général parmi la liste de trois candidats présentée depuis des mois par le président Uribe. La CSJ avait besoin de ce fiscal d’opérette pour bien mener ses affaires.
Finalement, le 9 juin 2010, la juge Jara signe la sentence et condamne le colonel Plazas à 30 ans de prison. Sa décision se basait sur le faux témoignage d’un témoin qui n’existe pas. Ce jour-là, dans la rue, devant l’immeuble des tribunaux spécialisés, René Guarín avait donné rendez-vous à la chaine chaviste Telesur, aux membres du groupuscule communiste “Colombiens pour la paix» et au Collectif d’avocats Alvear Restrepo, pour fêter publiquement la condamnation du colonel Plazas. Pourquoi une telle célébration? Parce qu’avec cette sentence ils auront droit à d’énormes indemnisations qui leur apporteront des millions de dollars, grâce au sacrifice d’une personne innocente.
Deux mois plus tard, le 17 août 2010, Journalistes sans Frontières fera une révélation après plusieurs mois d’enquêtes : René Guarin Cortes n’était pas un défenseur des droits de l’Homme, mais un triste sire : un kidnappeur, un cambrioleur de banques, un terroriste qui militait au M-19, cette guérilla qui avait pris d’assaut le Palais de Justice de Bogota.
La juge Maria Stella Jara fut alors envoyée en Europe pour y étudier l’allemand avec le prétexte qu’elle avait reçu des menaces de mort. Le voyage de la juge et de sa famille, ses études, ses salaires seront donc payés par les contribuables colombiens. Pourtant, personne ne semble se soucier d’avoir à payer tout cela.
Comme il était évident que la fiscal Angela Maria Buitrago, et la juge Maria Stella Jara, avaient commis le délit de prévarication et comme il était incontestable qu’ il y avait eu conspiration entre elles et l’ancien guérillero René Guarín Cortes, la fiscal Buitrago fut obligée de démissionner. C’était le 2 septembre 2010, moins d’un mois après que nous ayons démontré que René Guarín est un ignoble criminel amnistié de tous ses délits, sauf un enlèvement qu’il n’a pas encore payé.
C’est ainsi que Journalistes sans Frontières, convaincu de l’innocence du colonel Plazas, c’est chargé d’enquêter sur l’affaire des disparus du Palais de Justice.
Comme je connaissais le professeur José Vicente Rodríguez, j’avais du mal à l’imaginer comme faisant partie du montage communiste qui avait cherché et obtenu la condamnation en première instance du colonel Plazas. Je savais, toutefois, qu’il avait fait des études en Russie et qu’il avait été camarade de classe de plusieurs fauteurs de troubles à l’Université nationale. Je savais également qu’il avait été collègue à l’université nationale de certains guérilleros actifs de l’ELN et des FARC, qui profitaient de leur statut d’enseignants (et d’élèves) pour y faire du prosélytisme. Je savais –je le répète–, que José Vicente Rodríguez pouvait avoir des idées de gauche, mais je savais aussi qu’il n’oserait jamais participer à une entreprise criminelle comme celle de faire condamner un innocent à une peine de prison.
En fait, José Vicente Rodríguez ne s’intéresse qu’à une seule chose : à l’anthropologie médico-légale. C’est sa passion et elle occupe toute sa vie.
Avant de l’approcher, j’ai enquêté dans le département d’anthropologie et c’est là-bas que j’ai eu vent de la visite que René Guarín avait rendu à ce laboratoire où il avait copieusement insulté le professeur José Vicente Rodriguez. Quelqu’un m’a dit également que des membres de la Fiscalía liés au procès avaient averti le professeur Rodríguez Cuenca de ne pas entrer en contact avec le colonel Plazas, ou avec n’importe quel autre membre de l’Armée, car, selon eux, « les militaires voulaient le tuer » (Rodriguez). Il s’agissait d’une nouvelle manipulation pour empêcher le colonel Plazas de connaitre la vérité.
Après beaucoup d’efforts, car José Vicente Rodriguez avait une certaine méfiance à mon égard et vis-à-vis de mon intérêt dans le cas du colonel Plazas, j’ai pu obtenir une entrevue avec lui. Dans un langage simple, clair et transparent, il m’a raconté qu’il n’avait jamais reçu l’ordre d’aider à identifier les personnes disparues du palais de justice, mais que, par contre, on lui avait explicitement demandé d’aider à faire l’identification des guérilleros du M-19 tués au combat.
De même, il a confirmé que la Fiscalía conserve les 27 restes en sachant que parmi ceux-ci se trouvent ceux des « disparus » de l’holocauste du Palais de justice. Enfin, il a dit que la Fiscalía Général n’avait manifesté aucun intérêt pour parvenir à l’identification de ces restes, car en 1998 la Colombie n’avait pas la technologie ad hoc pour faire une telle identification. Mais aujourd’hui on l’a.
Avec cette interview mes doutes sont tombés. Je me demandais pourquoi José Vicente Rodríguez disait toujours dans ses déclarations à la presse qu’il n’avait pas trouvé les disparus du palais de justice entre les restes qui étaient dans son bureau. Cela s’explique très bien à présent. Comment pouvait-il les trouver si la Fiscalía ne lui avait pas fourni les restes des «disparus» car elle les avait cachés pour éviter leur identification?
La Fiscalía et les média avaient diffusé habilement l’idée que tous les restes exhumés avaient été envoyés à l’Université nationale. Ce fut une erreur. Les efforts des avocats du colonel Plazas ont été dirigés vers la recherche dans le mauvais endroit.
La Fiscalía général a toujours su qu’elle était en possession des restes des disparus, en 1998 ainsi qu’en 2006. José Vicente Rodriguez a rappelé cela à la fiscal Angela Maria Buitrago.
Quand j’ai demandé au professeur José Vicente Rodríguez pourquoi il croyait que la Fiscalía ne disait pas où se trouvaient les restes, il a répondu : «Parce qu’on a égaré la mémoire documentaire. Les fonctionnaires chargés de l’exhumation n’y travaillent plus».
Personnellement, je doute que cela soit la raison. Si l’on examine le parcours de Carlos Eduardo Valdés et de James Troy Valencia, nous voyons qu’ils ont passé beaucoup de temps à faire des conférences sur la «chaîne de garde» nécessaire et indispensable pour le traitement des restes des personnes disparues. Quant à l’anthropologue Maria Inés Barreto, nous attendons encore ses lumières pour comprendre pourquoi on a perdu la «mémoire documentaire». Même chose à l’égard de son mari, le célèbre anthropologue péruvien Carlos Bacigalupo. Ce serait intéressant qu’il nous explique pourquoi lui, qui connait si bien l’importance de la «chaîne de garde», n’a pas parlé de cela à la “Commission Vérité” de la CSJ. Ou bien l’aurait-il fait?
Je ne peux pas imaginer quelle autre excuse trouvera la «justice» colombienne pour maintenir en prison le colonel Plazas.
S’ils leur reste une quelconque décence et quelque modestie, ils doivent le remettre immédiatement en liberté et poursuivre Angela Maria Buitrago et Maria Stella Jara pour prévarication et fraude au procès. Ils devraient aussi mettre en prison René Guarín pour enlèvement, un crime de lèse humanité qui ne fait l’objet d’aucune amnistie.
Bien que nous sachions qu’il nous manque beaucoup pour réussir à faire que des sinistres personnages comme Gomez Mendez, Iguaran, Pretelt, Javier Giraldo et le collectif Alvear Restrepo, payent leur culpabilité en prison, nous ne devrions pas perdre espoir que ce miracle se réalise un jour.
La Colombie doit au colonel Plazas Vega non seulement de nous avoir sauvé des griffes de la narco-guérilla qui à l’époque formait un tandem avec Pablo Escobar, mais aussi pour avoir mis en évidence, par son incarcération injuste, le degré de pourriture de certains fonctionnaires de la justice, le degré d’infiltration de la mafia et les abus de pouvoir qui piétinent honteusement la majesté de la justice.
« La Fiscalía sait tout. La Fiscalía sait très bien ce qui s’est passé dans le Palais de Justice (..). Ils ont toujours su qu’ils avaient les dits disparus», réitère José Vicente Rodríguez.
Oui, la Fiscalía a toujours su qu’elle était en possession des disparus du palais de justice, mais elle a caché tout cela pour pouvoir condamner celui qui avait tant combattu la mafia.
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