SANTOS HARCÈLE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE EN COLOMBIE
FLIP (Fondation pour la Liberté de la Presse) est contrôlée par Ignacio Gomez et Daniel Coronell, et parce que la FLIP a écrit au siège parisien de Reporters sans frontières pour leur dire de ne pas soutenir mes demandes de protection étant donné que ni ma famille, ni moi, méritaient d’être protégés
Santos harcèle la liberté de la presse en Colombie
Par Ricardo Puentes Melo
Journalistes sans Frontières, Bogotá
http://www.
29 mai 2013
L’une des choses le plus étonnantes de la Colombie c’est qu’ici la justice est comme une horloge qui tourne à l’envers. La justice et les organismes qui enquêtent sur les crimes sont étroitement contrôlés par des terroristes graciés et leurs auxiliaires cachés. Cela mène à faire de l’Etat, qui devrait être au service des citoyens, un appareil au service d’une très puissante poignée de criminels qui veulent faire de la Colombie la vache à lait qui finance leurs familles et de leurs amis, et qui protège des intérêts égoïstes et criminels.
C’est lamentable qu’il y n’ait pas une presse honorable, rompue aux enquêtes et dédiée à la divulgation de la vérité. C’est lamentable que les journalistes les plus crédibles utilisent la presse pour endormir leurs lecteurs et leurs téléspectateurs et pour demander ensuite au gouvernement de les engraisser avec l’argent de la publicité officielle pour pouvoir continuer à tromper le pays avec leurs histoires. Comme celle d’un gouvernement bon et transparent qui cherche à s’allier aux groupes terroristes pour leur livrer la nation, car ils ne sont que des organisations humanitaires incapables de kidnapper une mouche.
C’est lamentable qu’un président, lui-même ancien journaliste, soit précisément celui qui menace de poursuites les journalistes qui ne sont pas d’accord avec le terrible destin qu’il veut imposer aux Colombiens en les subjuguant aux narcoterroristes qui règnent par la peur ou par la corruption. A cause de cette politique inique, l’ancien ministre et journaliste Fernando Londoño Hoyos, directeur de La Hora de la Verdad, a failli être tué en mai 2012. Une bombe magnétique, introduite en Colombie depuis le Venezuela par un membre d’ETA, et manipulé par les FARC, a fait exploser le véhicule de Fernando Londoño. Dans cet attentat, où Fernando Londoño a été gravement blessé et où ses deux gardes du corps ont péri, des complices avaient réussi à manipuler et synchroniser les feux de circulation pour faire arrêter la voiture de M. Londoño. Il s’agit d’individus qui travaillent dans l’Entreprise de Téléphones de Bogotá, contrôlée à présent par des guérilleros amnistiés du M-19 et par des auxiliaires des FARC.
Si bien que, quand j’ai eu la confirmation que mes appels téléphoniques étaient en train d’être interceptés par le gouvernement Santos, cela ne m’a pas surpris du tout. J’ai pensé qu’il était plus supportable d’avoir mes téléphones interceptés qu’avoir une bombe dans ma maison. Mais, comme je l’ai dit à La Hora de la Verdad (1), ce qui m’a terrifié c’est de savoir que les appels téléphoniques de mes enfants, âgés de 7, 10 et 12 ans et de ma femme, sont aussi interceptés. Quelles choses terribles ces enfants peuvent-ils donc planifier? Je ne le sais pas. Quelqu’un veut-il leur faire du mal ? Quelqu’un veut-il les kidnapper comme cela a été il y a quelques années, en obligeant mes enfants à vivre aujourd’hui comme des prisonniers, enfermés dans quatre murs?
Dans l’univers surréaliste où par malheur nous devons vivre, j’avais accepté les écoutes téléphoniques comme quelque chose d’ordinaire et d’inévitable. Mais ce qui m’a terrifié ç’a a été le rapport que des amis, experts en téléphonie, m’ont fait parvenir d’urgence.
Depuis les Etats-Unis, mes amis m’ont donné des nouvelles très inquiétantes. Les ordinateurs de ma maison, y compris ceux utilisés par mes enfants, avaient subi une attaque très sophistiquée, une intrusion sur les disques durs permettant d’espionner en temps réel ce que j’écris, et mouchardant mes comptes de courrier électronique. Ils utilisent même les webcams pour observer ce qui se passe dans l’intimité de notre maison. C’était terrifiant, je l’avoue.
Comment mes amis font-ils pour savoir que c’est le gouvernement Santos qui fait ces choses ? Ils ont examiné les adresses IP des
espions, la technologie utilisée et les mécanismes employés. Selon mes amis, cela coïncide avec les méthodes utilisées par ce gouvernement à l’encontre d’autres personnalités et tout cela a été mis en œuvre par un groupe de la Police nationale qui dispose du matériel humain et technique indispensable pour faire ce type d’invasion et d’agression.
Quand ils m’ont révélé cela, j’ai compris pourquoi des agents de la police nationale sont venus à plusieurs reprises à l’endroit où je me trouvais pour harceler mon service de sécurité, pour le désarmer, pour me laisser sans protection. J’ai compris alors la raison pour laquelle ne n’avais pas de réponse à mes appels à l’aide quand j’avais besoin de me déplacer, chose que je ne pouvais pas faire sans mon schéma de sécurité au complet. J’ai tout compris. J’ai compris comment ce gouvernement me poursuit de manière systématique, moi et ma famille, de sorte qu’il m’est très difficile de passer un seul jour sans avoir peur pour la vie de mes enfants.
En résumé: oui, je l’affirme. Ce gouvernement et l’une de ses agences de renseignement a envahi l’intimité de ma maison, et est en train d’intercepter mes appels téléphoniques et mes ordinateurs. Les enquêtes que nous faisons à Periodistas sin Fronteras sont le prétexte pour agir de la sorte.
J’ai même perdu toute envie de me plaindre auprès de la FLIP (Fondation pour la Liberté de la Presse) ou de la SIP (Société Interaméricaine de presse), car la première est contrôlée par Ignacio Gomez et Daniel Coronell, et parce que la FLIP a écrit au siège parisien de Reporters sans frontières pour leur dire de ne pas soutenir mes demandes de protection étant donné que ni ma famille, ni moi, méritaient d’être protégés. La SIP est sous le contrôle d’Enrique Santos, le frère du président Juan Manuel Santos. Enrique Santos, ancien sympathisant de la guérilla du M-19, a été le président de la SIP. Il a fait la sourde oreille quand il a compris que mes déclarations n’allaient pas à l’encontre de l’ancien président Alvaro Uribe Velez. Conclusion : les soi-disant organismes de défense des journalistes s’occupent surtout de la protection des journalistes de gauche et d’extrême gauche et des ennemis des militaires. Je ne suis ni l’un ni l’autre.
Ce que je ferai dans les prochains jours est de déposer plainte devant le bureau du Fiscal général (Parquet). Je vais aussi demander au Fiscal un rapport pour savoir s’il y a un ordre judiciaire quelconque autorisant d’intervenir sur mes appels téléphoniques et mes ordinateurs ainsi que sur ceux de mon épouse et de mes enfants. Je vais déposer cette requête auprès de cet organisme malgré ma conviction que l’actuel Fiscal général est disposé à garantir l’impunité des terroristes qui sont en « négociation de paix » avec le gouvernement et que la Fiscalia général a archivé toutes les plaintes ainsi que les preuves déposées à l’encontre des guérilleros graciés qui sont aujourd’hui au pouvoir.
J’espère que les nouvelles générations de journalistes ne suivront pas l’exemple de leurs ainés qui, par l’appât du gain ou par simple lâcheté, sont devenus les complices des voyous. Pour ma part, je promets de ne jamais lâcher ma plume dans la défense de la vérité. Je vais continuer avec la ferme intention de ne pas jeter mes convictions dans la poubelle où le président Santos et ses partenaires à La Havane crachent les déchets des substances qu’ils consomment et qu’ils veulent légaliser pour le bien de l’entreprise criminelle qui a fait des millions de victimes en Colombie et dans le monde.
Ça fait très longtemps que j’ai perdu le sens de la peur.
(1) Pour l’écouter : http://www.ivoox.com/entre-
@ricardopuentesm
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